Laurie Spongerro

Les tardigrades super-résistants réparent leur ADN endommagé par les radiations

Une nouvelle étude révèle les mécanismes extraordinaires utilisés par ces minuscules créatures pour survivre à des niveaux de radiation mortels pour l’homme. Cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouvelles approches en médecine pour traiter les dommages à l’ADN.

Les tardigrades, ces super-héros microscopiques

Les tardigrades, ces minuscules animaux également surnommés « oursons d’eau », fascinent les scientifiques depuis leur découverte en 1773. Leur capacité à survivre dans les environnements les plus extrêmes de la Terre en fait de véritables super-héros du monde microscopique.

Ces créatures microscopiques possèdent une aptitude remarquable à entrer dans un état de dormance, appelé état de « tun », lorsqu’elles sont confrontées à des conditions difficiles. Mais leur superpouvoir le plus impressionnant est sans doute leur résistance aux radiations.

En effet, les tardigrades peuvent survivre à des niveaux de radiation 1400 fois plus élevés que ceux tolérés par l’être humain. Une capacité qui intrigue les chercheurs depuis des décennies.

Une étude révolutionnaire sur la réparation de l’ADN

Une équipe de chercheurs de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill vient de lever le voile sur le mécanisme permettant aux tardigrades de réparer leur ADN endommagé par les radiations. Leurs découvertes, publiées le 12 avril dans la revue Current Biology, ouvrent de nouvelles perspectives fascinantes.

Le Dr Bob Goldstein, co-auteur de l’étude, exprime sa surprise face aux résultats : « Ce que nous avons observé nous a stupéfiés. Les tardigrades font quelque chose que nous n’avions pas anticipé. »

L’équipe s’est concentrée sur une espèce particulière de tardigrade, Hypsibius exemplaris. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces organismes ne sont pas immunisés contre les dommages causés à l’ADN par les radiations. Leur secret réside dans leur capacité extraordinaire à réparer ces dégâts.

Lire aussi :   Pollution de l'eau : comment l'UE œuvre pour restaurer nos rivières, lacs et mers !

Un mécanisme de réparation surpuissant

Lorsqu’ils sont exposés aux radiations, les cellules des tardigrades activent des centaines de gènes pour produire de nouvelles protéines dédiées à la réparation de l’ADN. Ce processus atteint des niveaux que la Dr Courtney Clark-Hachtel, co-auteure de l’étude, qualifie de « ridicules ».

« Ces animaux montent une réponse incroyable face aux radiations, et cela semble être le secret de leurs capacités de survie extrêmes », explique-t-elle. « Ce que nous apprenons sur la façon dont les tardigrades surmontent le stress des radiations peut conduire à de nouvelles idées sur la manière de protéger d’autres animaux et micro-organismes des radiations nocives. »

Une découverte confirmée par une équipe française

Parallèlement aux travaux de l’équipe américaine, des chercheurs français du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris ont fait des observations similaires. Les Dr Jean-Paul Concordet et Anne de Cian ont découvert que même si les rayons gamma pulvérisaient l’ADN des tardigrades, cela ne les tuait pas.

Plus surprenant encore, ils ont identifié une nouvelle protéine de tardigrade baptisée TRD1, capable de protéger l’ADN. Lorsqu’elle est introduite dans des cellules humaines, cette protéine semble les aider à résister aux dommages.

Le Dr Concordet explique : « TRD1 pourrait s’accrocher aux chromosomes et les maintenir dans leur forme correcte, même lorsque les brins chromosomiques commencent à s’effilocher. »

Des applications potentielles en médecine

Ces découvertes ouvrent des perspectives fascinantes pour la médecine humaine. La compréhension de protéines comme TRD1 pourrait potentiellement conduire à de nouveaux traitements pour le cancer et d’autres troubles médicaux où l’ADN est endommagé.

Comme le souligne le Dr Concordet : « Tous les trucs qu’ils utilisent pourraient nous être bénéfiques. » Cette remarque souligne l’immense potentiel de ces recherches pour la santé humaine.

Lire aussi :   Gertrude Ederle et la science éprouvante de la nage marathon

Un champ de recherche prometteur

Les mécanismes de réparation de l’ADN des tardigrades représentent un domaine de recherche extrêmement prometteur. Non seulement ils nous éclairent sur la biologie fascinante de ces créatures extraordinaires, mais ils pourraient également avoir des applications concrètes dans divers domaines :

  • Développement de nouveaux traitements contre le cancer
  • Protection contre les effets néfastes des radiations
  • Amélioration de la résistance des organismes aux conditions extrêmes

Des défis à relever

Malgré ces avancées passionnantes, de nombreux défis restent à relever. Les chercheurs doivent encore comprendre en détail comment ces mécanismes de réparation de l’ADN fonctionnent et comment ils pourraient être adaptés à d’autres organismes, y compris l’être humain.

De plus, il faudra déterminer si ces découvertes peuvent être traduites en applications pratiques sans effets secondaires indésirables.

Un avenir plein de promesses

Les tardigrades, ces minuscules créatures que l’on trouve partout sur Terre, de l’Antarctique aux sommets de l’Himalaya, continuent de nous surprendre et de nous inspirer. Leur capacité à réparer leur ADN endommagé par les radiations n’est qu’un exemple parmi d’autres de leurs incroyables adaptations.

Alors que nous faisons face à des défis environnementaux et médicaux croissants, les leçons que nous pouvons tirer de ces organismes extraordinaires pourraient s’avérer inestimables. Les tardigrades nous rappellent que parfois, les solutions aux problèmes les plus complexes peuvent se trouver dans les endroits les plus inattendus.

La recherche sur ces fascinants « oursons d’eau » ne fait que commencer, et il est certain que de nombreuses autres découvertes passionnantes nous attendent. Qui sait quels autres secrets ces minuscules super-héros de la nature nous réservent encore ?

Lire aussi :   Une technique CRISPR avancée permet de modifier les gènes des Tardigrades

Laisser un commentaire